Créé
le 20 mars 2011 pour servir et participer à l’approfondissement de
la révolution tunisienne, le manifeste du 20 mars a d’abord mené
une intense campagne portant sur la constitution à mettre en œuvre
: pendant des mois, il a tenu des réunions dans de nombreux endroits
de Tunisie, villes aussi bien que villages, larges assemblées dans
des maisons de jeunes ou de culture, comme réunions plus restreintes
dans des petites salles ou des cafés. Au cours de ces réunions,
nous nous sommes efforcés d’aider les participants, nous compris,
à faire le lien entre les objectifs généraux de la révolution et
la rédaction d’une constitution qui permette d’aller plus avant
dans la consolidation d’une république juste, démocratique et
sociale. A l’issue de ce cycle de réunions, nous avons organisé
fin juillet des assises à Mahdia où, avec 350 participants, dont
150 jeunes venant des régions où nous étions allés, nous avons
rédigé collectivement, et en tenant compte de discussions que nous
avions eues dans le pays de mars à juillet, un projet de
constitution que nous avons mis à la disposition de tout(e)s
les Tunisien(ne)s.
Afin
de populariser encore plus les principes démocratiques et sociaux
contenus dans ce projet, nous avons soutenu 9 listes de candidats aux
élections pour la constituante qui défendaient ce projet : sans
avoir de succès électoral, ces listes ont mené une campagne
originale et ont contribué à rendre l’idée et le contenu
souhaitable de la constitution plus proches des citoyens.
Le
manifeste est aussi une association politique qui veille,
c’est-à-dire qu’elle intervient dans le domaine politique pour
commenter les faits qui ont une répercussion sur la vie du pays.
Nous ne l’avions guère fait pendant toute une période, occupés
que nous étions par les questions de la constitution et de la
constituante, nous nous y sommes remis après la prise de fonction du
gouvernement provisoire. Quelques aspects de la situation politique
du pays, comme le sort fait aux blessés de la révolution et les
mesures en faveur des familles des martyrs de la révolution, la mise
en place d’une justice qui permette de faire effectivement rendre
des comptes aux acteurs et aux complices avérés du régime mafieux
de Ben Ali, la réhabilitation de toutes les victimes de l’arbitraire
sont autant de symboles fort de la marche de la révolution.
Le
manifeste participe aux luttes dans ce sens, et se fera un devoir, à
travers sa revue, non seulement d’éclairer ces luttes et leur sens
politique, mais également de donner la situation réelle, les
efforts faits et ce qui reste à faire, de faire la lumière sur la
nature et les limites des procès faits actuellement par les
tribunaux militaires; sur la recherche de la vérité sur les
assassinats commis au début de la révolution, et sur celui de
Chokri Belaid.
Mais
la vie politique et la révolution ne sont pas confinées dans les
sphères de pouvoir politique, elles se déroulent au quotidien, avec
ses événements, ses luttes, qu’il s’agisse de luttes
collectives comme les mouvements de grève ou de résistances
individuelles à l’arbitraire ou à la corruption et leurs
conséquences, des incidents en apparence mineurs et des drames
significatifs…
Nous
nous efforcerons de donner à ces aspects de l’actualité au niveau
du citoyen, une place importante, en ayant recours à des
spécialistes quand cela sera nécessaire, sans nous contenter
d’informer sur les faits, mais en donnant nos points de vue, en
particulier sur les liens de toutes ces luttes avec les objectifs
révolutionnaires.
Le
manifeste ne se contente pas de penser la réalité, il compte
également participer à sa transformation, en intervenant activement
dans le développement et en amenant les citoyens à s'impliquer
davantage dans les processus de ce développement, qu'il s'agisse de
rechercher des solutions alternatives ou complémentaires à l’action
des pouvoirs centraux et régionaux, de création artistique et
culturelle, de vie associative, de discussion sur l’enseignement et
la recherche. De nombreuses rubriques de la revue seront donc
consacrées régulièrement à ces aspects, passeront en revue les
initiatives prises dans ce sens, proposeront des façons collectives
de penser et réaliser un développement économique, social et
culturel alternatif.