mercredi 10 avril 2013

Le Manifeste, 2 ans déjà



Créé le 20 mars 2011 pour servir et participer à l’approfondissement de la révolution tunisienne, le manifeste du 20 mars a d’abord mené une intense campagne portant sur la constitution à mettre en œuvre : pendant des mois, il a tenu des réunions dans de nombreux endroits de Tunisie, villes aussi bien que villages, larges assemblées dans des maisons de jeunes ou de culture, comme réunions plus restreintes dans des petites salles ou des cafés. Au cours de ces réunions, nous nous sommes efforcés d’aider les participants, nous compris, à faire le lien entre les objectifs généraux de la révolution et la rédaction d’une constitution qui permette d’aller plus avant dans la consolidation d’une république juste, démocratique et sociale. A l’issue de ce cycle de réunions, nous avons organisé fin juillet des assises à Mahdia où, avec 350 participants, dont 150 jeunes venant des régions où nous étions allés, nous avons rédigé collectivement, et en tenant compte de discussions que nous avions eues dans le pays de mars à juillet, un projet de constitution que nous avons mis à la disposition de tout(e)s les Tunisien(ne)s.
Afin de populariser encore plus les principes démocratiques et sociaux contenus dans ce projet, nous avons soutenu 9 listes de candidats aux élections pour la constituante qui défendaient ce projet : sans avoir de succès électoral, ces listes ont mené une campagne originale et ont contribué à rendre l’idée et le contenu souhaitable de la constitution plus proches des citoyens.
Le manifeste est aussi une association politique qui veille, c’est-à-dire qu’elle intervient dans le domaine politique pour commenter les faits qui ont une répercussion sur la vie du pays. Nous ne l’avions guère fait pendant toute une période, occupés que nous étions par les questions de la constitution et de la constituante, nous nous y sommes remis après la prise de fonction du gouvernement provisoire. Quelques aspects de la situation politique du pays, comme le sort fait aux blessés de la révolution et les mesures en faveur des familles des martyrs de la révolution, la mise en place d’une justice qui permette de faire effectivement rendre des comptes aux acteurs et aux complices avérés du régime mafieux de Ben Ali, la réhabilitation de toutes les victimes de l’arbitraire sont autant de symboles fort de la marche de la révolution.
Le manifeste participe aux luttes dans ce sens, et se fera un devoir, à travers sa revue, non seulement d’éclairer ces luttes et leur sens politique, mais également de donner la situation réelle, les efforts faits et ce qui reste à faire, de faire la lumière sur la nature et les limites des procès faits actuellement par les tribunaux militaires; sur la recherche de la vérité sur les assassinats commis au début de la révolution, et sur celui de Chokri Belaid.
Mais la vie politique et la révolution ne sont pas confinées dans les sphères de pouvoir politique, elles se déroulent au quotidien, avec ses événements, ses luttes, qu’il s’agisse de luttes collectives comme les mouvements de grève ou de résistances individuelles à l’arbitraire ou à la corruption et leurs conséquences, des incidents en apparence mineurs et des drames significatifs…
Nous nous efforcerons de donner à ces aspects de l’actualité au niveau du citoyen, une place importante, en ayant recours à des spécialistes quand cela sera nécessaire, sans nous contenter d’informer sur les faits, mais en donnant nos points de vue, en particulier sur les liens de toutes ces luttes avec les objectifs révolutionnaires.
Le manifeste ne se contente pas de penser la réalité, il compte également participer à sa transformation, en intervenant activement dans le développement et en amenant les citoyens à s'impliquer davantage dans les processus de ce développement, qu'il s'agisse de rechercher des solutions alternatives ou complémentaires à l’action des pouvoirs centraux et régionaux, de création artistique et culturelle, de vie associative, de discussion sur l’enseignement et la recherche. De nombreuses rubriques de la revue seront donc consacrées régulièrement à ces aspects, passeront en revue les initiatives prises dans ce sens, proposeront des façons collectives de penser et réaliser un développement économique, social et culturel alternatif.


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