jeudi 13 juin 2013

Les déboutés de Choucha ou Quand l'hôte devient bourreau...

Camp UNHCR de Choucha, 24 avril 2013. Steven, débouté originaire du Ghana, traverse le camp par un jour venteux. (Photo de Alessandro Vecchi).

Le camp de Choucha, un ancien poste de la garde nationale tunisienne situé à quelques kilomètres de la frontière tuniso-libyenne, a ouvert ses portes fin février 2011 pour accueillir les milliers de personnes qui fuyaient les combats en Libye. Le camp s'est rapidement développé et d'autres camps ont vu le jour pour faire face aux besoins. Si le flux de réfugiés était intense, leur séjour dans le camp était relativement bref. Avant même la mort de Kaddafi en Octobre 2011, la population des camps diminuait et les camps secondaires commençaient à fermer. L'UNHCR (United Nations High Commission for Refugees), à qui incombait la gestion du camp de Choucha avait même annoncé sa fermeture pour Décembre 2011, mais 18 mois après, les tentes sont toujours en place hébergeant près d’un millier de personnes majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Presque tous ceux qui sont restés au camp ont postulé pour le statut de réfugié et l’UNHCR a pris la responsabilité d’examiner ces « demandes d’asile » sur la base d’entretiens individuels. La réponse à la demande devait parvenir à l’intéressé dans un délai maximum d’un mois avec possibilité de recours. Si au bout de deux entretiens, la réponse était toujours négative, le dossier était définitivement classé. Cependant, contrairement à la pratique générale de l’UNHCR, moins d’une dizaine de procédures de recours ont abouti, abandonnant ainsi trois cents demandeurs d’asile, tristement appelés « déboutés », à un sort incertain. Ils sont actuellement cantonnés dans un secteur isolé du camp, le secteur E, où ils subissent toutes sortes de pressions et d’intimidations pour les obliger à accepter le lot de consolation : 700 dollars (récemment augmentée à 2500 dollars pour certains pays) et un billet d’avion, en aller simple, vers leur pays d’origine. L’injustice subie par ces « déboutés » est multiple : persécutions dans leurs pays d’origine, pillage de leurs biens durement acquis pendant leur périple vers la Tunisie, refus catégorique de l’UNHCR de réexaminer leurs demandes d’asile et ce, malgré les vices de procédure graves relevés par les réfugiés eux-mêmes et différents représentants d’ONG actifs dans le camp, dans la conduite des entretiens. Ces manquements ont intéressé toutes les étapes du processus. D’abord, les « demandeurs d’asile » n’ont pas reçu d’informations sur la procédure légale qu’ils avaient entamée ni de conseil juridique, pourtant stipulé dans les « UNHCR Guidelines ». Si certains avaient pu se rattraper en lisant les conventions de Genève, beaucoup étaient illettrés et ignoraient tout de la définition même de réfugié, du déroulement de la procédure, des motifs qu’ils pouvaient invoquer pour la demande d’asile (Par exemple, très peu savaient que l’homosexualité était un motif recevable) et de leurs droits durant les entretiens. S’est également posé le problème des traducteurs, l’UNHCR ayant fait appel à de jeunes interprètes inexpérimentés, souvent recrutés parmi les réfugiés eux-mêmes, qui ne maitrisaient ni la langue d’origine ni la langue de traduction. Les déclarations de l’intéressé subissaient ainsi moult amputations, déformations, nuisant ainsi à sa cause. La plupart des interviewés ne savaient pas qu’ils étaient en droit d’arrêter l’entretien s’ils étaient insatisfaits de la traduction. Certaines personnes se sont même plaintes de ce que le traducteur appartenait à un clan ennemi (groupes ethniques en conflit au Darfour par exemple), mais leur plainte n’a pas été prise en considération et ils se sont retrouvés avec le même interprète lors du deuxième rendez-vous. Autre déficience grave de la procédure, l’échange d’informations entre l’UNHCR et les missions diplomatiques des pays d’origine des réfugiés, dans le cadre d’une collaboration étroite pour préparer la réinstallation des réfugiés chez eux. Cet échange a suscité la méfiance des réfugiés qui ont tu les sévices et les persécutions subies par crainte de représailles contre leurs proches restés là-bas et contre leurs propres personnes après un éventuel retour. Suite à la clôture de leurs dossiers, les « déboutés » recevaient une lettre de l’UNHCR, les informant de la nécessité de quitter le camp dans les quinze jours qui suivaient, soit vers la Libye soit vers leur pays d’origine. Certains d’entre eux ont été tentés de retourner gagner leur vie en Libye mais ils ont été mal accueillis par les autorités libyennes et renvoyés illico en Tunisie. Ils étaient alors interceptés par la police tunisienne, emprisonnés, avant d’être reconduits au camp de Choucha. Les choses ont commencé à se corser en Novembre 2012, quand l’UNHCR a décidé que le camp devait fermer ses portes avant la fin de l’hiver. Ils ont commencé par fermer les cuisines, et la ration quotidienne de pâte ou de riz qui étaient distribuée à tous les habitants du camp, a été remplacée par l’équivalent de deux dollars US par jour, soit 105 dinars tunisiens par mois, exclusivement réservés à ceux qui avaient obtenu le statut légal de réfugié. Par la suite, ceux parmi les « déboutés » qui avaient été embauchés par l’UNHCR pour exercer certaines tâches dans le camp (instituteurs, animateurs, ébéniste…) ont été sommairement renvoyés de leurs postes. Pour assurer leur subsistance et celle de leurs proches, les plus vigoureux se sont aventurés en dehors du camp pour essayer de trouver du travail, s’exposant ainsi à diverses mésaventures : propos racistes, actes de violence, exploitation. N‘étant pas en possession de leurs papiers d’identité, confisqués par le personnel de l’UNHCR à leur entrée au camp, ils ne pouvaient recourir aux autorités tunisiennes car la situation risquait de se retourner contre eux. Il était clair que l’UNHCR avait opté pour une politique d’affamation pour pousser ceux qu’il considérait désormais comme des « illégaux » à partir. Qu’il y ait parmi eux des enfants en bas âge, des mineurs sans familles, des personnes âgées et des handicapés ne semble pas déranger les exécutants de cette politique, supposés avoir une vocation altruiste et humanitaire. Au contraire, il y a eu une escalade rapide dans les moyens de pressions : en février 2013 les « déboutés » ont été séparés des autres réfugiés et cantonnés au « secteur E » ; le 1er Avril l’électricité a été coupée, puis l’eau. Celle-ci a été rétablie à plusieurs reprises, suite à l’intervention du ministère des affaires sociales mais la pompe continue à disparaître régulièrement de façon mystérieuse, laissant la population du secteur E sans eau potable pendant plusieurs jours. Cependant, malgré la faim, les conditions climatiques extrêmes, la tension psychologique presque palpable qui règne dans le camp, l’absence de soins médicaux adéquats, les « déboutés » ont survécu jusque-là, tant bien que mal, grâce à leur solidarité, à l’aide fournie par quelques bénévoles étrangers et par des habitants de la région, mais surtout grâce à leur volonté de croire à des jours meilleurs. Certains continuent à se battre activement contre la décision de l’UNHCR de ne pas reconsidérer les demandes d’asile : médiatisation de leur cause via les réseaux sociaux, sit-in sur la route de Ras Jdir ayant entraîné des heurts avec la population locale qui vit essentiellement de la contrebande avec la Libye, sit-in depuis le 29 mars 2013 devant les bureaux de l’UNHCR à Tunis où trois grévistes de la faim ont dû être hospitalisés du fait de la dégradation de leur situation sanitaire. La nouvelle date butoir, pour la fermeture du camp est désormais fixée au 30 juin 2013 et le sort des « déboutés » est toujours incertain. Suite à une visite officielle effectuée dans le camp en Mai 2013, le ministre des affaires sociales, accompagné de représentants de l’organisation arabe des droits de l’homme a assuré les déboutés du « soutien » de l’état tunisien. Un projet visant l’insertion de ceux qui accepteraient de s’installer dans le pays serait en cours d’étude. Mais la demande principale des concernés est d’être soutenus dans leur conflit avec l’UNHCR, pour que leurs requêtes soient réexaminées dans des conditions optimales et que l’opération soit supervisée par un organisme indépendant. Pour des « raisons d’état », l’état tunisien ne peut pas assurer cette tâche. Quelques acteurs de la société civile se sont mobilisés mais la cause reste mal défendue et le 30 juin approche à grands pas !

mardi 21 mai 2013

Procès de Saber Meraihi, procès de la jeunesse tunisienne !!!




Nom de l'accusé : Merahi Saber
Age : 25 ans (il les a fêtés en prison)
Délit : Participation à la dite-révolution (source PV de la police)
Verdict  : Procès toujours en cours (Saber risque 20 ans de prison...)



Il y a environ deux mois, beaucoup d'entre nous découvraient avec stupeur qu'un jeune
croupissait depuis le 04 avril 2012 derrière les barreaux, ayant été accusé à tort par un policier de l'avoir tabassé et tenté de l'assassiner. Les charges sont graves mais les faits le sont encore plus, car figurez-vous, avant cette accusation, les deux hommes ne s'étaient jamais rencontrés. Nous avons pris effectivement la peine de vérifier cette histoire (documents à l'appui) pour nous rendre à l'évidence qu'aujourd'hui, en Tunisie, les anciennes pratiques perdurent, maintenues par les mêmes institutions sans scrupules, aucun !


Pour résumer, le policier en question a eu la «malchance» de passer le 16 janvier par un quartier de la ville de Kabbaria ; où un adolescent de 14 ans venait de tomber sous les balles de la police. Le barrage du comité de quartier, s'étant rendu compte après vérification des papiers, que l'homme appartenait à la garde présidentielle, s'est acharné sur ce dernier et c'est plutôt compréhensible si l'on veut bien se souvenir des circonstances de peur et d'hostilité vis à vis de la police lors de ce fameux week-end !

Le hic est que Saber Meraihi, lui n'habitait pas ce quartier mais un quartier voisin et n'était pas présent lors de la «correction» infligée au plaignant par les habitants d'un quartier qui venait de sacrifier un martyr. Des témoins ont déjà confirmé ces propos auprès du juge d'instruction.

Pourquoi Saber ? Et pourquoi pas un autre? En réalité l'affaire dépasse les personnes. Elle n'est que la représentation de l'un des aspects les plus marquants de la révolution : celui de la lutte de la jeunesse contre l'injustice.

Saber a été choisi au hasard, remarqué par ces messieurs de la police sur une vidéo facebook où il regardait avec d'autres jeunes, les militaires embarquant des policiers.  En signalant un peu trop directement sa satisfaction à vue de ce spectacle, Saber a dû heurter la sensibilité de ces chers agents de l'ordre. Ils n'ont pas hésité à convoquer le réalisateur de la vidéo pour lui demander les noms des personnes filmées (et lui suggérer par la même de passer sous silence son passage au poste). Mesure obligatoire, car après-coup, le plaignant allait retrouver sa mémoire et reconnaître Saber comme son agresseur.

Ce procès n'est-il pas symbolique ? N'illustre-t-il pas l'Etat policier qui punit la jeunesse qui s'est soulevée contre lui ? Une jeunesse longtemps pourchassée, torturée, réprimée et dépouillée de ses droits et de ses rêves par la peur, l'intimidation, les menaces et la violence ! Jusqu'à ce qu'elle crie sa rage et entame une révolution...Le langage policier était le seul langage que l’État savait parler, brutal, voyou et sans états d'âmes. Il vous écrase, et maintient votre liberté en sursis toute votre vie.

«Mon frère a des rêves simples» me dit Samia Meraihi la sœur de Saber. Il voulait travailler, fonder une famille... et il a été arrêté à une semaine de sa titularisation à la société des chemins de fer (SNCFT). "Ce boulot, il avait lutté pour l'avoir et travaillé dur pour le garder... aujourd'hui, il n'a plus rien". Ses 25 ans, Saber les a fêtés enfermé à la prison d'El Mornaguia. 
Ses parents sont au bout du rouleau. Sa sœur quant à elle, continue avec courage à militer pour la libération de son frère, s'accrochant à chaque espoir, mais a-t-elle d'autres choix. Cette jeune femme est l'image même de la résistance : calme mais ferme et déterminée. Elle lutte sans rechigner, comme des milliers d'autres femmes dans ce pays, qui ne veulent pas se résigner à baisser les bras. Elles sont quelques part le souffle de cette révolution.
«Il est détruit psychologiquement» insiste Samia, "mes semaines sont rythmées par les visites ajoute-t-elle et nous passons les jours qui suivent chaque visite au grès des humeurs de Saber". La question de la réinsertion sociale a d'ailleurs été posée dans le fil de la discussion (encore faut-il qu'il soit libéré). Cette question ne se pose pas souvent et l'on parle rarement du rôle de l'Etat et de la société civile dans la prise en charge sociale et psychologique des prisonniers qui retrouvent la liberté. En parlant de société civile et à la question, si cette dernière a été présente lors de l'arrestation et du procès de Saber, Samia me répond qu'elle a eu un unique contact avec la LTDH. Je comprends parfaitement et en tant que membre d'une association que la société civile puisse être débordée mais je n'arrive pas à expliquer son absence dans un combat aussi important. En effet, le procès de Saber est le procès de tous les jeunes tunisiens qui ont osé défier le régime.

Où allons nous ? La Tunisie serait-elle devenue allergique aux jeunes? Mon pays serait-il entrain de dénigrer cette génération qui est supposée assurer l'avenir, cette génération qui a eu « l'insolence » de se soulever contre le régime policier que nous subissons depuis des décennies et qui persiste et continue à vouloir asseoir son hégémonie sur le pays ? Des jeunes aux chômages, des jeunes marginalisés, des jeunes que l'on ne veut toujours pas écouter... des jeunes qu'on met en prison.

Je vais clôturer cet article en lançant un appel net, clair et direct : Libérez Saber ! Dites à cette jeunesse qu'elle n'est pas étrangère dans son propre pays. 25 ans, c'est l'âge de vivre et non l'âge de se consumer en prison. Ces pratiques doivent cesser une fois pour toutes, car sachez-le : plus rien ne sera jamais comme avant ! La souveraineté de l'Etat avec laquelle on n'arrête pas de nous rabâcher les oreilles dépend et découle uniquement de la souveraineté du peuple, comprenez-le une fois pour toutes. Nous n'avons toujours pas dit notre dernier mot, le processus révolutionnaire est en cours jusqu'à ce qu'il atteigne ses objectifs de justice et d'égalité. Et nous continuerons avec lui... Travail  dignité, liberté, pouvoir au peule et … Libérez Saber Meraihi !

Hajer Boujemâa

vendredi 12 avril 2013

" أيقتلك البرد؟ أنا... يقتلني نِصفُ الدفئِ... وَنِصفُ المَوقِفِ اكثر" مظفر النواب في ضرورة ولادة خطاب نسويّ ثوريّ تونسي




عندما تحوِّلُ الحسابات السياسية وِجهةَ الخطاب النسوي،و تهمّش القضية...

في رسْكلة بذيئة لسياسة الحزب الحاكم السابق، يواصل أصحاب الحسابات السياسية
الضيقة،
تسخير قضايا حقوق النساء لاستعمالها كسلاح ضد المشروع الشمولي الذي تبشر به
الأغلبية الحاكمة الحاليّة.
و مرة أخرى، وبكل وقاحة، يتشدّق من هبّ و دبّ ممن يدعون الحداثة كذبا و بهتانا
بحقوق النساء لمجرد مناهضتهم لهذا المشروع الرجعي!
عن أية حقوق للنساء يتحدث من لم يجد لإهانة خصومه السياسيين أنجع من
مقارنتهم و تشبيههم بالنساء*؟؟
عن أية حقوق للنساء يتحدث من يعتبر الأنوثة عارا و شتيمة؟؟
عن أية حقوق للنساء يتحدث من يرفع شعارات من نوع: " المرأة التونسية ليست
أمينة*، و لا محرزية*"!!!!! ألا يكفي وجود أمينة، و وجود محرزية، و آلاف و ملايين
النساء بعقائد مختلفة، و أفكار مختلفة، و طرق عيش مختلفة، لكسر ذلك القالب الأجوف، ذلك الزي الموحّد الذي لا يستوعب
تنوع البشرية، في عقول مريضة لا تفقه شيئا من أبجديات الحرية؟  
و إن لم نلبس زيهم الموحد هذا، ماذا تراهم فاعلون؟ أيسقطون الأنوثة عنّا،
أم يسقطون الجنسيّة؟
ألا يكفي وجودهن، ليفهم الأغبياء أن لا وجود للمرأة التونسية !
و أنّ النساء جمع إن فرّدته قتلت فيه الانسانية؟
ألا يكفي وجودهن، لتعيش النساء، كل النساء، و لتموت في أذهان  المنافقين
أسطورة إسمها المرأة التونسية!
في هذه الأمثلة و في أخرى سيطول ذكرها،
يفضح انتهازيّو حقوق النساء مدى ذكورية فكرهم، مدى عدم إيمانهم بمساواة فعلية
بين الجنسين، بينما يحاولون إيهامنا بأنهم حلفاؤنا ضد الرجعية و التعصّب!
وجب على الحراك النسوي التونسي اليوم أن يمنع  انتهازيي حقوق النساء،
من تطويع و تحويل وجهة خطابه.
من البديهي أن ما نطرحه على أنفسنا يستوجب نظرة تحليلية
و قراءة في الخطاب النسوي التونسي الحاليّ، مهمة لا يدعي هذا المقال
الغاضب القيام بها، كما أنه لا يدّعي اقتراح الخطاب البديل.
هو فقط يبحث في سبل ضمان تميّزهذا الخطاب و بروزه على ساحة  سياسية
غمرتها ضوضاء المزايدات.


خطاب نسوي يستعصي على راكبي حقوق النساء...

لا مجال للقطع مع انتهازيي حقوق النساء، إلا ببناء خطاب نسوي يستعصي
على بذاءتهم، يتجاوز مرجعياتهم، يضعهم نصب تناقضاتهم!
خطاب كهذا، لا يمكن إلا أن يكون خطابا ثوريا لا يعرف التنازلات،
لا يترك مجالا للثغرات، لا يؤمن بما يطرحونه من أولويات، و هل يخفي علينا،
موقع المساواة بين الجنسين و موقع حقوق النساء من الأولويات؟
خطاب كهذا، لا يمكن إلا أن يكون خطابا ثوريا يقطع مع مصطلحات الخوف و التوجس
على المكتسبات ليحمل معاني المقاومة من أجل فرض المساواة!


عن أي خوف و أي توجس نتحدث، مع من لم يخف على صدره العاري من الرّصاص؟
عن أي خوف نتحدث في بلد "لا خوف بعد اليوم" ؟
  عن أية مكتسبات نتحدث مع من لا مكتسبات لهم؟
ما تعني المكتسبات لشباب مفقّر مهمّش محقّر عاطل عن العمل؟
ما تعني المكتسبات لمن كانوا، و لا زالوا، وقود ثورة لا زالت مستمرة؟
بل إن خطاب الرجعيين أعداء الحرية، كارهي ما تحصلت عليه  النساء من حقوق
منذ استقلال لا يعترفون به،  رافضي الدولة التونسية الحديثة، حاملي المشروع الشمولي،
يكاد أن يكون أقرب لتطلعات جماهير سئمت تهميشا دام نصف قرن!
أقرب لتطلعات جماهير سئمت المنظومة السابقة و لا تتوق لغير القطع معها!
المقصود هنا، ليس خطابا متهورا، لا يعي مدى خطورة التهديدات
التي تحوم حول حقوق النساء و يستغني في معركته عن كل الحلفاء
بحجة أنهم لا يؤمنون بالمساواة. المقصود، خطاب يتصدى لهذه التهديدات
التي تتربص بمجتمع بأسره، خطاب يبحث عن حلفائه خارج الأطر السياسوية الضيقة.


أيّ حلفاء للحراك النسوي التونسي اليوم؟

حلفاؤه ملايين التونسيين و التونسيات، التائقين لمشروع مجتمعي بديل، الحالمين بتنمية فعلية و عادلة،
ملايين لن ينخرطوا في الدفاع عن حقوق النساء، إن لم يبين لهم الحراك النسوي
في خطابه، الترابط العضوي، بين التفقير الممنهج للنساء برغم خصوصياته من جهة وتفقير المجتمع من جهة أخرى،
بين الرقابة على النساء و على أجسادهن و مصائرهن  من جهة
و على المجتمع بغاية تدجينه و منعه من صنع القرار من جهة أخرى،
الترابط العضوي بين العنف المسلط على النساء بهدف تحقيرهن و تهميشهن
و العنف المسلط علي كل المحقرين و كل المهمشين.
سينخرط الملايين في الدفاع عن حقوق النساء، لو بيّن لهم الحراك النسوي،
أن لا تنمية عادلة ولا ديمقراطية بدون مساواة فعلية بين الجنسين،
و أن لا حرية لمجتمع نساءه مقصيات، و أنّ النظام الأبوي الذكوري، و إن سلّط جام تغوّله  و تمييزه على النساء،
فهو يهضم حقوق النساء والرجال، نظام يهضم حقوق مجتمع بأسره،
نظام وجب إسقاطه!
و أخيرا، لا مجال لمسار ثوري ناجح لا تُوحّد فيه النضالات،
أو كما قرأنا في جداريات الثورة و سمعنا في صرخات الثائرين:
" يا نعيشوا عيشة فلّ، يا نموتوا النّاس الكلّ!"


مستمرّة... و نسوية أو لن تكون!

نادية بن صالح


*تشبيه مصطفى بن جعفر، رئيس المجلس التأسيسي لتحالفه مع الإسلاميين و لضعف مواقفه السياسية بالمرأة من قبل الصفحات 
و المواقع الاجتماعية المناهضة للإسلاميين.
*أمينة، إحدى المنتميات لمجموعة فيمين، و محرزية لعبيدي نائبة عن حزب النهضة الإسلامي.

jeudi 11 avril 2013

طفّي الضو



انطلقت الحكومة الجديدة وريثة الترويكا العتيدة صاحبة الانجازات المجيدة على بركة لله في تنفيذ سياستها و برامجها       المفيدة و كان البداية بحملة : طفّي الضو
فبعد حملة "اكبس تلقى ما ترخف" و التي طالبت فيها الحكومة نفسها بالاسراع في المحاسبة في نفس ڨذّافي الفلسفة و اخراج على طريقة الافلام الهنديّة حان اوان حملة طفّي الضو
في الحقيقة لا اعرف لماذا تدعونا الحكومة ل"تطفية الضو" و الحال اننا مطفّين الضو من زمان
عامين من الضو المطفّي على ... اللصوص، و القتلة و الجلاٌدين و النهّابين، عامين من الضو المطفّي على كل من اجرم في حق هذا الشعب و الحكومة تطالبنا بالمزيد 

ملاحظة: الهدف من حملة طفي الضو الاقتصاد في الطاقة و ذلك عبر الاستغناء عن استعمال الطاقة الكهربائية لمدة ساعة! معقول. و لكننا لاحظنا انه خلال الحفل البهيج الذي وقع في شارع بورڨيبة و حضره الرئيس المفدّى ادام لله صلاحيته وقع استعمال مضخمات الصوت و التي ترددت اصدائها في كامل الشارع معلنة بداية حملة الاستغناء عن كهرباء اديسون لمدة ساعة. و لسائل ان يسأل : ما هي الطاقة التي وقع استعمالها لتشغيل كل هذه التجهيزات؟


سؤال بريئ لا ينتظر اجابة! مع افتراض حسن النيّة طبعا ، لعلها تكون الطاقة الشمسية هي من زودت التجهيزات بالطاقة و بذلك نعلن نهاية كهرباء اديسون  و بدأ العمل بشمس المرزوقي



شيخ التراب 


mercredi 10 avril 2013

Le Manifeste médical. Thala Sot Thérapie, une panacée, pourtant ignorée




La Thala Sot Thérapie (du grec "thala", "sottisia", "therapia") peut se définir comme le traitement de la sottise causée par le germe Mauvia Coli (sous ses différentes manifestations ; Mavia Sebsia Coli, Mauvia Coli barbuâtre), dans un milieu Thalien (riche en Révolutionnine® ; antibiotique anti-Mauvia Coli)
Ce procédé thérapeutique se distingue des traitements classiques (administration de Révolutionnine® par voie orale ou injectable) par l'application à des fins thérapeutiques des propriétés du climat Thalien.

Les découvertes réalisées par les archéologues confirment que le traitement de la Mauvia Coli était une préoccupation de nos congénères depuis la haute antiquité.
Les premières preuves de Thala Sot Thérapie datent de l'époque pré-janvienne, plus précisément pendant la civilisation Bassinienne. Des paléontologues ont étudié des crânes de Bassiniens et ont découvert des traces de Révolutionnine®.
Les Bassiniens avaient déjà imaginé d'enfouir dans l'organisme de la Révolutionnine®. Les examens biologiques montrent une parfaite intégration de l'antibiotique, ce qui témoigne qu'il ne s'agit pas de rites post-mortem.

Indications

Les principales indications de la Thala Sot Thérapie sont les troubles dégénératifs causés par la Mauvia Coli, la sottise en est la principale manifestation

Déroulement

Il n'y a pas de durée idéale d'une cure de Thala Sot Thérapie. L'absence d'agents polluants, ainsi que la pureté du climat (maintenu purifié) favorisent l'assimilation immédiate de la Révolutionnine® dès le premier contact avec le milieu Thalien

Résultats

Le patient peut ressentir une certaine fatigue tout à fait normale, rapidement suivie par une sensation de bien-être

Vers de nouvelles perspectives

La Thala Sot Thérapie compte dans ses rangs de nombreux praticiens d'exception, dont le savoir et l'expérience inspirent, à juste titre, le respect de nos confrères à travers le monde.
Mais ces talentueux cliniciens sont-ils réellement reconnus? Quelles traces laisseront-ils de leur expérience?
La littérature nationale et internationale répond aisément à cette question : pas grand-chose.
Pour vous en convaincre, il suffit de rassembler tous les praticiens Thaliens (*) les plus prestigieux, et de rechercher leurs travaux dans les bases de données que sont "Envoyé Spécial", "Le Figaro", "Le Maghreb", et vous constaterez avec effroi que même les noms les plus reconnus y sont très peu représentés.

Conclusion

Utilisée chez l'homme depuis des siècles, la Révolutionnine® n'a épuisé ni ses indications, ni les améliorations susceptibles d'optimiser le pronostic.
Il arrive que l'on hésite, pour une même indication entre le milieu et le mode d'administration de cet antibiotique. En raison du principe de précaution nous ne retenons que la Thala Sot Thérapie, la Bassinothérapie, la Bouzidiothérapie, et la Silianothérapie (qui reste à développer et affiner).
L'ensemble de ces techniques thérapeutiques forme un tout qui trouve naturellement place dans le plan de traitement des médecins généralistes et des spécialistes.
A partir de cette prise de conscience, le développement des techniques élaborées et de technologies ajustées ouvre la voie à une prise en charge novatrice des cas les plus complexes

Lexique

  • Mauvia Coli, en référence au mauve (couleur du RCD : le parti de Ben Ali, et l’héritier de celui de Bourguiba).
Certains mauves se sont recyclés en bleus (couleur du parti Ennahdha, la Mauvia Coli « classique » a muté vers la Mauvia Coli barbuâtre), les autres ont évolué vers une forme particulière ; la Mauvia Sebsia Coli (le parti de Béji Caid sebsi ; ancien ministre de l’intérieur de Bourguiba et « haut cadre » du RCD)
  • La civilisation bassinienne, en référence au soulèvement du bassin minier de Gafsa en 2008. La révolte a duré 6 mois, près de 30000 agents de police ont été dépêchés pour endiguer le mouvement, avec comme triste bilan 5 martyrs et une trentaine de blessés. C’était la première fois que le régime de Ben Ali se retrouve confronté à une grogne populaire organisée et déterminée, ce qui créa la première brèche du régime de Ben Ali
  • La Bouzidothérapie , le 17 Décembre 2010, Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant s’est immolé suite à la confiscation humiliante de son étalage par la police municipale. Cette étincelle s’est propagée dans plusieurs autres régions du pays.
  • La Silianothérapie Siliana, Novembre 2012, une grande manifestation, qui a réuni quelques milliers d’habitants, des associations de la société civile, des syndicalistes et des représentants de quelques partis politiques dégénère en violents affrontements avec les forces de police. Une commission indépendante a été créée pour enquêter sur les incidents de Siliana et a dénoncé dans son rapport d’enquête l’usage excessif et injustifié de la chevrotine contre les manifestants, de même que la non application des dispositions de la loi en matière de riposte graduelle aux protestations
  • Thala, une des villes les plus meurtries du processus révolutionnaire. Janvier 2011 (et particulièrement la nuit du 8 au 9), était effroyable. Les habitants de Thala ont courageusement résisté, et la répression était encore plus violente : 7 martyrs et beaucoup plus de blessés (la liste finale n’a toujours pas été publiée). La révolte de Thala nous rappelle celle du bassin minier de 2008 : la justesse des revendications, la violence de la répression et les commanditaires et exécuteurs n’ont pas été punis, certains ont même été innocentés.

(*)Les 7 martyrs de Thala : Marwane Jomli, Ahmed Ben Ammar Boulaabi, Mohamed Omri, Nouri Boulaabi, Ghassen Chniti, Ahmed Rtibi et Wajdi Saihi.

Athena  Pallas

Le Manifeste, 2 ans déjà



Créé le 20 mars 2011 pour servir et participer à l’approfondissement de la révolution tunisienne, le manifeste du 20 mars a d’abord mené une intense campagne portant sur la constitution à mettre en œuvre : pendant des mois, il a tenu des réunions dans de nombreux endroits de Tunisie, villes aussi bien que villages, larges assemblées dans des maisons de jeunes ou de culture, comme réunions plus restreintes dans des petites salles ou des cafés. Au cours de ces réunions, nous nous sommes efforcés d’aider les participants, nous compris, à faire le lien entre les objectifs généraux de la révolution et la rédaction d’une constitution qui permette d’aller plus avant dans la consolidation d’une république juste, démocratique et sociale. A l’issue de ce cycle de réunions, nous avons organisé fin juillet des assises à Mahdia où, avec 350 participants, dont 150 jeunes venant des régions où nous étions allés, nous avons rédigé collectivement, et en tenant compte de discussions que nous avions eues dans le pays de mars à juillet, un projet de constitution que nous avons mis à la disposition de tout(e)s les Tunisien(ne)s.
Afin de populariser encore plus les principes démocratiques et sociaux contenus dans ce projet, nous avons soutenu 9 listes de candidats aux élections pour la constituante qui défendaient ce projet : sans avoir de succès électoral, ces listes ont mené une campagne originale et ont contribué à rendre l’idée et le contenu souhaitable de la constitution plus proches des citoyens.
Le manifeste est aussi une association politique qui veille, c’est-à-dire qu’elle intervient dans le domaine politique pour commenter les faits qui ont une répercussion sur la vie du pays. Nous ne l’avions guère fait pendant toute une période, occupés que nous étions par les questions de la constitution et de la constituante, nous nous y sommes remis après la prise de fonction du gouvernement provisoire. Quelques aspects de la situation politique du pays, comme le sort fait aux blessés de la révolution et les mesures en faveur des familles des martyrs de la révolution, la mise en place d’une justice qui permette de faire effectivement rendre des comptes aux acteurs et aux complices avérés du régime mafieux de Ben Ali, la réhabilitation de toutes les victimes de l’arbitraire sont autant de symboles fort de la marche de la révolution.
Le manifeste participe aux luttes dans ce sens, et se fera un devoir, à travers sa revue, non seulement d’éclairer ces luttes et leur sens politique, mais également de donner la situation réelle, les efforts faits et ce qui reste à faire, de faire la lumière sur la nature et les limites des procès faits actuellement par les tribunaux militaires; sur la recherche de la vérité sur les assassinats commis au début de la révolution, et sur celui de Chokri Belaid.
Mais la vie politique et la révolution ne sont pas confinées dans les sphères de pouvoir politique, elles se déroulent au quotidien, avec ses événements, ses luttes, qu’il s’agisse de luttes collectives comme les mouvements de grève ou de résistances individuelles à l’arbitraire ou à la corruption et leurs conséquences, des incidents en apparence mineurs et des drames significatifs…
Nous nous efforcerons de donner à ces aspects de l’actualité au niveau du citoyen, une place importante, en ayant recours à des spécialistes quand cela sera nécessaire, sans nous contenter d’informer sur les faits, mais en donnant nos points de vue, en particulier sur les liens de toutes ces luttes avec les objectifs révolutionnaires.
Le manifeste ne se contente pas de penser la réalité, il compte également participer à sa transformation, en intervenant activement dans le développement et en amenant les citoyens à s'impliquer davantage dans les processus de ce développement, qu'il s'agisse de rechercher des solutions alternatives ou complémentaires à l’action des pouvoirs centraux et régionaux, de création artistique et culturelle, de vie associative, de discussion sur l’enseignement et la recherche. De nombreuses rubriques de la revue seront donc consacrées régulièrement à ces aspects, passeront en revue les initiatives prises dans ce sens, proposeront des façons collectives de penser et réaliser un développement économique, social et culturel alternatif.


vendredi 8 février 2013

Les leçons du crime par Gilbert Naccache



Pourquoi, a demandé avec une naïveté un peu suspecte un journaliste à la wataniya 1, l’assassinat de Chokri Belaid a-t-il suscité une telle émotion ?
J’essaie de répondre à cette question, au fond légitime si on considère que, dans tout le pays, des gens qui ne connaissaient pas Chokri Belaid ni ses positions ont manifesté, d’abord leur émotion puis leur colère : on a vu partout des gens en pleurs, qui par le fait de ce crime odieux, venaient d’adopter comme un des leurs un militant qui leur était indifférent la veille et ont tenu à le montrer.
C’est que tout le monde a compris instantanément, avec la même évidence que celle qui avait frappé entre les 17 décembre et je 14 janvier, que, au-delà de l’assassinat d’un homme, il s’est agi d’un attentat préparé de longue date contre les principaux acquis de la révolution, les libertés forgées avec le sang des martyrs, avec la détermination inébranlable de tout un peuple, en particulier la liberté de pensée et la liberté d’expression.
Chokri Belaid était un dirigeant politique, et un homme qui n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait, s’attaquant aussi ouvertement à des tabous qu’à des personnalités et leurs politiques. Le tuer est une façon de dire à tous que, quelque soit la place que l’on occupe dans la société, on n’a plus le droit d’exprimer autre chose que des vérités établies (où ?). Si, sous Ben Ali, on punissait la liberté de penser ou de s’exprimer par les tortures et la prison, on vient de nous dire hautement que le tarif de l’usage de ces libertés est désormais la mort, sans avoir le courage élémentaire d’assumer cette déclaration de guerre au peuple tunisien.
Et celui-ci ne s’y est pas trompé : en descendant massivement dans la rue, en attaquant les locaux du parti qui semble le plus proche de telles excommunications, il a signifié son attachement à la révolution, sa volonté qu’on ne puisse l’enterrer avec Chokri Belaid. Dans ce sursaut général contre l’assassinat politique, la révolution a démontré sa vitalité : elle n’est pas morte et ne se laissera pas assassiner.
L’un des premiers à avoir  tiré la leçon de cette mobilisation populaire est Hamadi Jebali : en annonçant la création d’un gouvernement indépendant de tous les partis politiques et attaché à l’intérêt national, il a pris acte de l’extrême défiance populaire vis-à-vis des partis politiques en général, et d’Ennahdha en particulier, que de plus en plus de gens considèrent comme un parti hégémonique. Les  faucons de ce part fanfaronnent et appellent leurs troupes à une manifestation de « millions de personnes » le jour de l’enterrement de Chokri : cet appel fera un flop retentissant, comme l’avait fait, on s’en souvient, un appel semblable dans un passé récent.
La double question qui se pose maintenant tient dans les chances d’aboutir de la réaction négative d’une direction d’Ennahdha, dans le sillage de Ghannouchi, de plus en plus ouvertement  candidat à un pouvoir dictatorial, qui n’exclut pas,  loin de là, népotisme et corruption ; elle est aussi de savoir si l’initiative de Jebali ne vient pas trop tard, si elle rencontrera le minimum d’approbation populaire qui lui permettra d’aboutir.
Les choses en sont là : d’un côté, la formidable mobilisation populaire en faveur des acquis de la révolution, qui se concrétisera par la grève générale à laquelle s'apprêterait aussi d’appeler l’UGTT, comme en un certain jour de janvier 2011 ; de l’autre, l’éclatement au grand jour du conflit larvé au sein d’Ennahdha, où la popularité et la crédibilité de la ligne dure sont largement entamées.
En tombant sous les balles de lâches assassins, Chokri Belaid a donné l’occasion de faire bouger la situation politique, en redonnant une place fondamentale à la révolution que ne peuvent arrêter ni les manœuvres des uns, ni le terrorisme à visage caché des autres.