jeudi 16 février 2012

Chemin miné des sit-ineurs du bassin minier


Plus d'un mois après les élections du 23 Octobre (des membres de l'assemblée nationale constituante), un sit-in a été organisé au bardo, devant le siège du parlement.
Ce sit-in a été baptisé Bardo 1 (en référence aux kasbah 1 et 2, et ce qui laisse présager d'autres éventuels sit-in).
ça a commencé par un  rassemblement contre les projets du règlement provisoire des pouvoirs publics et du règlement intérieur de l’Assemblée nationale Constituante, (qui mettrait en péril la démarche démocratique du Pays et tendrait à installer une nouvelle dictature).
D'autres mouvements ont rejoint ce rassemblement et un sit-in a été annoncé.
Parmi ces mouvements, on a réussi à contacter quelques jeunes sitin-eurs du bassin minier.
Victimes de lynchage sous Ben Ali et même post 14 janvier, ces jeunes sit-ineurs nous ont exprimé leur réticence et leur méfiance vis à vis des médias, qui désinforment, et dénaturent la cause de leur mobilisation en l'exprima.
H'san 22 ans, porte parole improvisé du groupe, insiste sur le volet social de leur mobilisation, "nous ne sommes pas venus pour dénoncer ce que font les politiques, ça fait des années que l'on subit les mêmes frasques". "notre région est la plus riche, en minerai de phosphate [NDLR], malgré cela, nous sommes les plus pauvres. On ne demande pas l'exclusivité des rentrées d'argent, nous sommes conscients de l'importance de cette industrie pour l'économie de la tunisie, et nous aimons notre pays."
Ali, 25 ans, ajoute : "nos revendications sont claires et nettes : 1- égalité, 2- liberté, 3- dignité, 4- droit à l'emploi (au moins une personne de chaque famille). Rien n'a changé pour nous, on subit toujours le même système de Ben Ali, les médias de Ben Ali et surtout l'administration de Ben Ali! On demande aussi l'annulation de la liste frauduleuse des personnes recrutées (1) et la traduction en justice des responsables des actes de saccage et de vandalisme dont a été victime la Compagnie de Phosphates de Gafsa (2)". Le PDG de cette compagnie était exilé [NDLR]
Le jeune H'san reprend la parole : " Nous insistons sur le caractère social de notre mobilisation, nous sommes venus jusqu'au Bardo, pour nous faire entendre. La direction a répondu aux abonnés absents à chaque fois que l'on exprimait nos doléances. Nous savons que nous ne pouvons pas compter sur nos médias pour parler de notre cause, nous n'avons pas oublié, non plus, le Blackout médiatique de 2008. 13 de nos frères sont morts sous les balles du régime, et les médias parlaient des prouesses de Ben Ali. Aujourd'hui, c'est pareil, ou même pire, on subit de plein fouet, une campagne de lynchage et de stigmatisation (3), et ces professionnels de l'information participent à cette nouvelle mascarade. Et enfin, nous invitons tous nos compatriotes à venir visiter notre région, pour voir de leurs propres yeux l'ampleur des dégats, la pollution (qui nous ronge à petit feu) et surtout la disparité dont nous sommes victimes..."
Nous quittons ces jeunes sit-ineurs avec un pincement au coeur en repensant aux "motivations de la révolution de la dignité"


(1) de 12000 demandes d'embauche, 300 seulement ont attéri au bureau de la direction, un tri sélectif aurait été improvisé!
(2) Ces actes de vandalisme ont été fait le soir même de l'annonce du résultat du concours annoncé sur internet, les personnes étaient chez eux à attendre la délibération des résultats! Les agents de la protection civile (les pompiers) ne seraient venus qu'après 24 heures!
(3) Les sympathisants du "nouveau régime" n'hésiteraient pas à les lyncher, soit en les traitant de voyous venus jouer les trouble-fête (de la nouvelle démocratie) soit en les accusant d'être manipulés par l'élite bourgeoise de Tunis
Athena


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